Saint-Jean-d'Angely - Belen

 

Peu avant leur séparation , Louis et Alienor ont entrepris un dernier voyage en Aquitaine. Le jour de la chandeleur 1152 , ils sont à Saint-Jean d'Angely où ils tiennent une cour(1). Plus tard, devenue Reine d’Angleterre, elle accordera des libertés communales à cette ville. (2) 

 

En arrivant à Saint-Jean-d'Angely, je note qu'une salle municipale porte le nom d'Alienor d'Aqutaine (contrairement à d'autres villes qui choisissent de rappeler l'histoire avec les noms de ses maris ou de ses fils). La ville garde les traces d'un riche passé ; plusieurs hôtels particuliers, de grandes maisons cossues en pierre de taille entourées de beaux jardins. Ce n'est pas vraiment le sud ; c'est moins bazar ; avec une certaine noblesse dans l'architecture. C'est beau , un peu compassé.
Je loge dans une chambre d'hôtes en plein centre ville. Le “jardin des Anges de Saint-Jean-d’Angely” a un nom qui sonne comme une chanson de Gainsbourg. Belen en est la maîtresse des lieux.  D'origine espagnole, elle a vécu en famille sur un domaine agricole dans le nord de la France. Se retrouvant seule, elle a  longtemps, cherché un lieu où elle pourrait accueillir des hôtes. Elle est tombée amoureuse de cette bâtisse, classée monument historique ; elle venait de l'acquérir quand un incendie a ravagé deux étages et les boiseries du XVIIIème siècle qui couvraient les salles du rez-de-chaussée. Mais rien n'a pu entamer sa détermination et l'immeuble a subi quatre ans de travaux. Il peut aujourd'hui accueillir ses hôtes.  Lors de la visite de son domaine, Belen la rêveuse,  m'a montré des colombes qu’a dessiné le feu ravageur sur les murs noircis. 




On connait 10 enfants d'Alienor : 2 qu'elle a eus avec Louis et 8 avec Henri. Peut-être en a-t-elle eu d'autres. Elle leur a survécu, à l'exception de Jean ; celui qu'on a appelé "sans terre". Elle a connu au moins 9 deuils d'enfants dont un, Guillaume, mort à l'age de 3 ans. Deux d'entre eux, Jeanne et Richard, seraient morts dans ses bras. L'histoire lointaine raconte les faits mais qu'en est-il de l'émotion, de la souffrance ?  







(1) Les cours permettaient l'exercice du pouvoir, la gestion et le maintien de l’autorité dans les territoires
(2) Les chartes communales donnaient une certaine indépendance aux notables de la ville ; ils permettaient la nomination d'un maire, la mise en place d'un système juridique propre. En contrepartie, ils devaient contribuer, en cas d'attaque, à l'effort de guerre. Aliénor en a signé plusieurs en son nom propre, notamment : Poitiers, Niort, La Rochelle.